Revue du Web du 16 au 23 novembre

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A l’approche de la journée contre les violences faites aux femmes du 25 novembre, commençons cette revue du web par ce sujet malheureusement aussi actuel.

Tandis que plusieurs centaines de personnes sont déjà descendues dans la rue ce samedi, Osez le Féminisme place le combat sur le terrain du Code Pénal. Les chiffres sont accablants et l’OMS vient de publier plusieurs études sur le sujet qui met en avant que le foyer conjugal reste le lieu le plus dangereux pour les femmes aujourd’hui.  A ce sujet, L’Humanité met en avant la nécessité de mobiliser les médecins. Une gageure quand, dans le même temps, les personnels de santé eux-mêmes sont auteurs de violences contre les femmes, comme le rappelle le hashtag PayeTonUtérus sur Twitter*, ou encore la nécessité pour de plus en plus de femmes d’aller à l’étranger pour pouvoir avorter. Une véritable violence institutionnelle.

Être en couple c’est aussi, pour les femmes – plus même que d’être mères – un frein à la vie professionnelle. Le Cereq souligne les préjugés sexistes toujours à l’œuvre dans beaucoup de métiers, Françoise Vouillot publie un livre sur le sujet et les filières scientifiques peinent à attirer les filles… entre Barbie « Informaticienne » et l’atmosphère sexiste qui semble régner dans l’aérospatial, on se demande bien pourquoi !

En Indonésie, c’est par un viol médical qu’il faudra en passer pour accéder à certains métiers

Et à Los Angeles, documentaire sur K6G, une prison pour femmes trans’ et hommes gays, créée pour tenter de limiter la violence dont sont victimes ces populations vulnérables en milieux carcéral.

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* : à ce propos, rappelons l’initiative de liste blanche collaborative de soignant-e-s non-sexistes Gyn&co

Revue du web du 10 au 16 novembre

cloud17Commençons cette revue du web par la victoire des femmes de chambre de deux hôtels de luxe. Après 35 jours de grève, le personnel a obtenu une augmentation de salaire de 3 à 6%. Ce qui reste cependant ridicule comparé aux sommes amassées par leurs entreprises.

Autre sujet, l’abondance de sujets de médias dits « féminins » sur la sexualité et les choses que les femmes ou les hommes aiment ou n’aiment pas, avec des conseils ridicules et des injonctions qui font demander à une chroniqueuse du Mouv’ : « Et le sexe libre et consenti, c’est du poulet ? »

Les idées reçues sur la sexualité, sont aussi à faire évoluer du côté des gynécos, comme le montre ces témoignages de lesbiennes. La société a encore beaucoup de progrès à faire dans ce domaine… Sur un sujet au coeur des luttes LGBT, le droit à la PMA, revendiqué par les lesbiennes, est souvent l’objet de nombreuses critiques, qu’une analyse démonte une par une.

Côté international, l’Inde a fait tristement parler d’elle cette semaine, avec la révélation de stérilisations de masse, qui conduisent à la mort de nombreuses femmes. Celles-ci sont souvent incitées financièrement à subir des opérations dans des conditions déplorables.

En Egypte, un magazine féministe de bandes-dessinées va bientôt être lancé. L’objectif est de parler de sujets tabous, de droits des femmes, mais aussi des violences commises à leur égard. Une initiative au format original, dont on a hâte de lire les bulles…

Finissons cette revue du web, avec une action anti-féministes. Le magazine Time a mis en ligne mercredi 12 novembre ses propositions de mots à bannir en 2015. Les utilisateurs du forum anonyme 4chan se sont donné le mot pour faire gagner l’expression « féministe », avec des votes massifs. Le média n’a rien fait pour contrer ce vote, alors que la visée sexiste de l’attaque était claire. Pourtant, nous avons aujourd’hui encore bien trop besoin de ce mot, en France ou ailleurs, les violences physiques ou morales à l’encontre des femmes, les inégalités, le sexisme ambiant, sont autant de raisons de se battre, d’être féministes. Nous sommes les premières à vouloir que ce mot disparaisse, lorsque nous n’aurons plus toutes ces raisons de lutter.

Les Ourses à plumes

Point d’étape : le site sortira cet hiver

Ch-ère-er-s lect-rice-eur-s,

Nous sommes restées longtemps sans vous donner de nouvelles sur l’avancée du site, mais nous étions encore dans le flou…

Ces dernières semaines, une réelle progression dans le développement des Ourses à plumes nous assure que le webzine féministe sera lancé cet hiver.

Côté technique, une version alpha du site est déjà disponible et nous permet d’effectuer des tests et des améliorations. Parmi les points encore à développer, on peut citer l’organisation de la page d’accueil, l’hébergement des illustrations et l’agenda interactif.

Un petit aperçu du futur site :

ourses

Toutes les rédactrices auront la possibilité d’avoir leur petite bio, avec un avatar et des liens vers leurs réseaux sociaux, blogs etc.

bio

Pour ce qui est du réseau des rédactrices en train de se former, un vivier d’articles est en train de se constituer. Notre sommaire original annoncé est cependant chamboulé. Les sujets d’articles maintenus pour la sortie du site sont :  théâtre de l’opprimé, le genre dans les séries américaines, le sexisme dans les jeux vidéos, 10 ans de Violette & Co, les mémoires des Pénélopes, la stérilisation volontaire, Le corps des femmes, Femmes et handicaps.

D’autres sujets ont été réalisés, on peut citer un article sur le wagon réservé aux femmes en Inde, ou encore un autre sur la loi sur la violence domestique au Liban. Des critiques culturelles sont aussi en cours d’écriture, ainsi qu’un dossier sur la place des femmes dans l’art.

Pour nos généreu-ses-x contribut-rices-eurs, sachez que les colis seront bientôt prêts à être envoyés, avant Noël, promis !

D’ici la sortie du site, n’hésitez pas à nous contacter (oursesaplumes@gmail.com) si vous avez des questions ou des suggestions, vos retours nous font toujours plaisir.

Les Ourses à plumes

Revue du web du 3 au 9 novembre

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Tout d’abord une pétition pour demander au Pakistan de ne pas confirmer et mettre à exécution la condamnation à mort d’une femme, Asia Bibi, pour blasphème.

La photographe Éliane de Latour nous parle de son travail auprès de jeunes filles du ghetto d’Abidjan auxquelles elle essaye de donner la parole, jeunes files qui tentent de se construire une vie indépendante au milieu de la violence et de rejets multiples.

Harcèlement sexuel, culture du viol et racisme : la mobilisation contre « l’expert de la drague » Julien Blanc – qui s’est rendu célèbre sur Youtube en donnant des cours sur comment agresser sexuellement des femmes japonaises – commence à porter ses fruits, le suisse ayant été expulsé d’Australie. Sexisme sur le net toujours : sélection de messages insultants, menaçants et sexiste de personnes en colère contre le féminisme du site macholand, déjà hacké à sa mise en ligne.

On connaissait le marketing genré, qui consiste à vendre des versions féminines de produits neutres, des féministes ont mis en lumière une « taxe sur les femmes » qui consiste à surtaxer ces versions roses de produits du quotidien. Le gouvernement enquête. Enfin, le système capitaliste n’hésite pas non plus à se servir du sexisme le plus crasse dans ses campagnes de pubs, comme celle de Rue du Commerce. Pour protéger les prochaines générations de ces stéréotypes, véhiculés notamment par les jouets genrés, il est important de mettre l’accent sur l’éducation.

Colin Firth ou l’aliénation féminine

Colin Firth, révélé en Mr Darcy dans la mini-série Orgueil et Préjugés de 1995, est de nouveau à l’affiche d’une comédie romantique : Magic in the moonlight. Réalisé par Woody Allen et reprenant, parfois jusqu’à la satire, les codes des comédies romantiques classiques, Magic in the Moonlight nous permet de mettre le doigt sur une figure récurrente de l’aliénation féminine dans les productions culturelles.

John-Pettie_Two-Strings-To-Her-Bow_1882Avez-vous déjà remarqué (sans doute que oui) que dans une part non négligeables des fictions romantiques (films, séries, romans, BD, mangas…), l’héroïne doit choisir entre deux personnages masculins ?

(C’est ce qu’on appelle un triangle amoureux, même si pour moi le terme n’est pas très pertinent puisque les deux hommes ne sont pas attirés entre eux, mais je suppose que « V amoureux » ou « Flèche amoureuse » ça fonctionnerait moins bien)

On pourrait déjà remarquer que c’est un choix complètement hétéronormé : hors de question de choisir une femme ! Mais c’est aussi ce qui s’appelle un choix contraint : il n’y a pas d’option « ni l’un ni l’autre » ni de possibilité d’en choisir un troisième. La vie de couple (hétéro) est en effet, c’est bien connu, indispensable à l’épanouissement féminin, et c’est donc notre objectif prioritaire dans la vie.

Enfin, d’un point de vue purement narratif, n’y a-t-il pas une certaine paresse à limiter ainsi le nombre de personnages et d’options, ce qui est bien loin de ce qui arrive dans la « vraie vie », mais permet de maintenir une tension artificielle sur le choix final de l’héroïne ?

Un dilemme qui n’en est pas un !

Artificielle, cette tension ? Assurément, car nous savons toutes comment cela va finir ! Si un personnage féminin fait face à un dilemme amoureux entre deux hommes, c’est quasiment systématiquement entre deux types : le personnage gentil, propre sur lui, bienveillant, et souvent blond, et le personnage sombre, distant, désagréable (sans doute a-t-il un lourd secret), parfois violent, souvent abusif, bref inaccessible, et, oui, souvent brun.

Et lequel choisit l’héroïne ?

[ là, chères lectrices, j’hésitais à introduire un sondage parce que j’avais la flemme de faire des recherches sur l’intégralité des comédies romantiques pour en sortir des statistiques, mais on m’a dit que ça ne se faisait pas, donc : ]

L’héroïne choisit quasiment toujours l’individu désagréable et distant. Dans tous les romans de Jane Austen et de leurs adaptations, c’est le cas. D’ailleurs on se rend souvent compte au final que celui qui avait l’air gentil au début ne l’était pas tant que ça, donc autant aller directement avec le type malaimable (mais ça en dit long aussi sur la perception du genre masculin vu l’alternative). Dans Grease c’est la même, ainsi que dans une ribambelle de films que j’aurais honte d’admettre avoir vu (genre Nord et Sud) donc je fais confiance à votre culture générale. Dans des centaines de séries télés, comme Veronica Mars, Gossip Girl et Newport beach. Et de nouveau dans Magic in the Moonlight.

Si tu ne m’aimes pas, je t’aime (et si je t’aime…)

Bon. Déjà une fois arrivées là on pourrait se demander POURQUOI les femmes sont censées se sentir attirées par les mecs sombres, abusifs, relous en somme. A cela plusieurs explications possibles. La plus basique c’est que si le bien brave garçon (blond) est déjà à tes pieds, tu peux avoir envie d’être plus dans la conquête, et de mettre le grappin sur le type qui te snobe. Ok, c’est une motivation très humaine (et qu’on met en général en avant quand la situation est inversée, c’est-à-dire dans les triangles amoureux avec un homme et deux femmes dont une indifférente). Mais justement on ne parle pas forcément d’un homme indifférent, mais souvent d’un homme vraiment désagréable, cassant, méprisant, insultant…bref tout pour plaire. Et là, c’est comme s’il y avait l’idée qu’il faut tellement absolument plaire à tout le monde quand on est une femme qu’il faut absolument aussi séduire ce type ! Pourquoi ne pas juste lui dire ses quatre vérités et l’envoyer promener ?

Il y a tout un mythe autour de la « conversion » du bad boy en bon mari et père de famille, de la capacité d’une « femme bien » à lui redonner des valeurs morales. C’est ce qu’on pourrait appeler le syndrome Florence Nightingale, de l’infirmière, de la sauveuse. Et c’est évidemment valorisé comme une vertu féminine, de prendre soin et de consoler, de remettre dans le bon sens des hommes brisés, avec de lourds secrets etc. Tout ce principe du care se fait évidemment au détriment de l’épanouissement personnel de la femme, qui se sacrifie et n’a aucun rêve ou objectif propres.

Certains films ne s’embarrassent même pas du triangle amoureux et proposent directement des romances entre une femme et un homme réellement désagréable comme dans Un jour ou Le temps d’un automne.

Parce que…la violence…bah…c’est la passion non ?

Il y a toujours aujourd’hui cette idée commune, effrayante et lourde de conséquences, qu’un homme qui maltraite une femme, c’est dû à la force de son amour. Un type violent, psychologiquement ou physiquement, et même sexuellement, c’est censé être un individu passionné, transporté par ses sentiments et qui « ne se contrôle plus ». Et bien sûr, en tant que femmes (forcément hétéro) on est censées rêver d’un mec qui serait tellement amoureux qu’il ne se contrôlerait plus et donc logiquement nous maltraiterait. CQFD.

a la folie

Sauf que non. L’amour ce n’est pas vouloir faire du mal à quelqu’un. Il n’y a pas de crimes passionnels, il n’y a que des crimes. Et blesser des gens, psychologiquement ou physiquement, ce n’est jamais un signe d’affection.

La grande question est : est-ce que l’industrie des productions culturelles est consciente du message qu’elle envoie, de Autant en emporte le vent à Twilight en passant par Les Hauts de Hurlevent  ?

Une circonstance aggravante : la différence d’âge

Dans Magic in the Moonlight, comme dans d’autres références romantiques, un autre critère entre en compte dans la comparaison entre les deux hommes : la différence d’âge. Et même si ce critère n’est pas toujours présent, loin de là, quand il l’est il fonctionne toujours à l’avantage du plus vieux. C’est-à-dire que si l’héroïne doit choisir entre un homme de son âge et un homme nettement plus âgé, elle choisit toujours le second (encore un exemple ? Eh bien Dear John). Il y a tout un discours symbolique autour de ce choix, un signe de maturité de l’héroïne, une plus grande sécurité avec un mec plus vieux, une plus grande confiance dans la pérennité de ses sentiments…

La romance entre jeune femme et homme plus âgé n’a rien de nouveau, en particulier dans les romances du XIXe siècle anglais qui structurent encore aujourd’hui nos schémas narratifs romantiques (De Jane Eyre à Emma en passant par La veuve Barnaby, Le Professeur, sans compter dans la littérature nord-américaine du début du XXe siècle, Papa-Longues-Jambes, où la dimension incestueuse est quasiment assumée..). Il faut remarquer que la plupart de ces romans sont écrits par des femmes, à destination des femmes : dans la société hétéropatriarcale particulièrement répressive de l’époque, l’émancipation féminine n’est pour certaines rêvées que comme le fantasme d’un choix et d’un mariage d’amour – ces schémas narratifs sont donc des conséquences mais aussi des reproductions de l’aliénation féminine.

Une importante différence d’âge n’est donc pas un choix esthétique. A l’époque, elle allait avec l’idée de la sécurisation financière. Aujourd’hui, elle permet toujours de renforcer l’inégalité entre les protagonistes et de placer le personnage féminin dans une posture encore un peu plus de dépendance et d’infantilisation, et de manque d’expérience par rapport au personnage masculin.

Alors que Colin Firth, à 54 ans, se retrouve le partenaire romantique d’Emma Stone, qui en a 26 (donc 28 de moins…), où est le problème ? Le réalisateur du film est marié à une femme de 35 ans sa cadette (la fille adoptive de son ex…), donc on se doute bien que ça ne doit pas le déranger. Mais si la critique américaine a relevé et critiqué l’écart d’âge (Vanity Fair et Hollywood.com), personne, dans la presse cinématographique française, ne semble avoir remarqué l’aspect réactionnaire de cette structure amoureuse.

66ème Festival de Venise (Mostra): Colin Firth The Amazing Spiderman 2: Rise Of Electro

Alors que bien évidemment, les rares films où la situation est inversée sont largement commentés, et présentés comme des films d’initiation, où, fatalement, le jeune homme finira par quitter la femme plus âgée (ou en sera « délivré » par la mort, même dans l’excellent Harold et Maude) et la différence d’âge y est toujours soulignée.

Il serait peut-être temps d’arriver à généraliser les comédies romantiques qui représentent des relations saines et égalitaires entre les femmes et les hommes (et même pourquoi pas, avec des relations amoureuses non-hétéros qui ne soient pas immédiatement et uniquement caractérisées comme telles ? On peut rêver…).

Ourse printanière avec l’aimable assistance de Petite Ourse Bleue

Revue du web du 27 octobre au 2 novembre

cloud17Cette semaine a été marquée par plusieurs articles sur les agressions dans les transports en commun. Tout d’abord, un court-métrage choc, d’un viol commis dans un train sous l’indifférence des passagers, a suscité de nombreuses réactions. Intitulé « Je suis à l’heure », il dénonce la non-assistance à personne en danger, à partir d’un fait réel. Plusieurs médias ont traité ce thème avec des séries de conseils, comme l’a fait 20 minutes. Coïncidence, la publication de cette vidéo a lieu la même semaine où sort le livre Projet Crocodiles, qui propose des outils de luttes et rassemble des témoignages d’expériences. Cette nouvelle a fait polémique sur les réseaux sociaux, certaines étant mécontentes que l’auteur, un homme, se soit approprié les expériences de femmes pour sa propre œuvre, même s’il s’est très investi dans le projet.

L’auto-défense reste encore un terrain à conquérir pour les femmes. Mardi dernier, une femme qui avait tué son mari en 2012 après plusieurs dizaines d’années d’un enfer conjugal fait de coups et d’abus sexuels de ses propres filles, a été condamnée à dix années de prison. Une peine qui a suscité de nombreuses indignations, lorsque l’on sait le peu d’efficacité des plaintes contre ce genre d’agressions. Une pétition à ce sujet, comptabilise déjà plus de 8.000 signatures.

Dans les transports, au domicile, mais aussi au travail, le harcèlement sexuel sévit. Quelques conseils pour les jeunes actives, victimes de harcèlement pendant leur premier job, à retrouver ici.

D’après une étude classant les grandes villes, Paris serait la 11e ville la plus dangereuse pour les femmes dans les transports. Ce sujet de l’insécurité reste toujours très médiatique, une vidéo d’une femme se filmant dans la rue a d’ailleurs encore fait le buzz. Un décryptage de celle-ci montre que les harceleurs blancs ont été coupés au montage, une pratique qui démontre encore l’instrumentalisation des agressions à des fins racistes.

Pour finir avec un article un peu moins déprimant, une parodie du fameux lapin rose mettant en garde les usagers pour qu’ils ne se coincent pas les doigts dans les portes, où celui-ci prévient : « ne mets pas tes mains sur mes fesses tu risques de te faire gifler très fort ».

Les Ourses à plumes